La quatrième de couv’ : au milieu du XIXe
siècle, Narcisse Pelletier, un jeune matelot français, est abandonné sur une
plage d'Australie.
Dix-sept
ans plus tard, un navire anglais le retrouve par hasard : il vit nu, tatoué,
sait chasser et pêcher à la manière de la tribu qui l'a recueilli. Il a perdu
l'usage de la langue française et oublié son nom.
Que
s'est-il passé pendant ces dix-sept années ? C'est l'énigme à laquelle se
heurte Octave de Vallombrun, l'homme providentiel qui recueille à Sydney celui
qu'on surnomme désormais le « sauvage blanc ».
Ce que j’en pense : En surface, voilà
un livre que j’aurais classé dans la catégorie des « sans plus ni
moins » : de ceux qu’on lit facilement, mais qui ne vous emporte pas
très loin. Et pourtant, lorsque je me suis donnée la peine de creuser un peu,
ma vision de ce livre a pris une toute autre tournure..
Le
récit alterne les points de vue de Narcisse, lorsqu’il est abandonné sur une
plage en Australie, et d’Octave, qui recueille dix-huit ans plus tard un homme
que l’on surnomme « le sauvage blanc ». J’ai toujours apprécié cette
forme d’écriture car elle donnait du dynamisme à la lecture.
Toutefois,
et à mon sens, l’intérêt d’alterner deux points de vue, c’est de pouvoir se
mettre à la place d’un personnage ou d’un autre à un même moment dans le roman
et d’avoir une vision différente pour des faits identiques ; c’est aussi
de pouvoir croiser les deux récits à la fin.
Or,
cela n’a pas été du tout le cas ici. Tout d’abord parce que le point de départ
entre les deux récits est chronologiquement différent, car espacé de dix-huit
ans, et ensuite parce que non seulement les récits ne se croisent pas, mais ils
ne présentent aucune cohérence à la fin. Et par conséquent, il n’y a aucun
dénouement commun à la fin, ni pour Narcisse, ni pour Octave.
Si
l’on s’intéresse au fond, l’auteur essaie de nous faire réfléchir sur la place
que peut occuper un personnage tel que Narcisse dans notre société. Narcisse
aurait passé dix- huit ans auprès d’une tribu aborigène australienne et se
serait approprié leur langage, leurs us et coutumes, à tel point qu’il en
aurait oublié sa vie (occidentale) antérieure.
Du
coup, sous couvert d’un prétendu intérêt scientifique, des hommes ont cru bon de
l’arracher au milieu qu’il avait apprivoisé pour le ramener à la civilisation,
puisqu’il ne pouvait en être autrement. Comment pourrait-on en effet laisser un
homme blanc parmi les « sauvages » ?
Je
suis assez réservée sur le terme de « sauvage » que je trouve à
tendance légèrement raciste et colonialiste. Mais bon, passons..
Si
le récit de François Garde est inspiré d’une histoire vraie, il est fort
regrettable que l’auteur n’ait jamais pris la peine de se renseigner sur le
vrai Narcisse Pelletier et sur la fameuse tribu de « sauvages » qui l’a
recueilli.
Il
s’avère en effet que, contrairement à ce que François Garde décrit dans son
roman, la vraie tribu parmi laquelle a vécu Narcisse Pelletier ne vivait pas
complètement nue et ne pratiquait pas non plus le viol comme spectacle. Les « sandbeach
people » (leur vrai nom) étaient très doués pour la chasse, n’étaient
absolument pas dénués d’humanité (la vraie histoire veut qu’ils aient accueilli
Narcisse dès qu’ils l’ont retrouvé sur le plage) et possédaient une culture très
riche et complexe.
Pour
en savoir plus : http://www.sogip.ehess.fr/spip.php?article415&lang=fr
Par
la suite, l’auteur a d’ailleurs avoué qu’il « ne s’était pas documenté »
sur Narcisse Pelletier ou sur la tribu des Sandbeach people lorsqu’il a écrit
son bouquin, et qu’il « espérait » que ses « sauvages » étaient
« vraisemblables » (http://www.chronobook.fr/evenement-entretien-exclusif-avec-francois-garde-482.html)..
Un
regrettable oubli..
Ma note : 0,75/5