Index des auteurs de A à Z

dimanche 14 décembre 2014

Un homme effacé d'Alexandre Postel




La quatrième de couv’ : Damien North est professeur de philosophie dans une université cossue. Veuf, il mène une vie triste et solitaire. Mais un jour, il est embarqué par la police qui l'accuse d'avoir téléchargé sur son ordinateur des images provenant d'un réseau pédophile...

L'affaire fait grand bruit, d'autant que Damien est le petit-fils d'Axel North, figure politique historique. L'inculpé a beau se savoir innocent, chacun se souvient d'un geste, d'une parole qui, interprétés à la lumière de la terrible accusation, deviennent autant de preuves à charge. Même une banale photo de sa nièce, unique enfant de son entourage, ouvre un gouffre d'horribles suppositions.

Le terrible engrenage commence tout juste à se mettre en marche. Alexandre Postel décrit avec acuité la farce des conventions sociales, les masques affables sous lesquels se cachent le pouvoir, la jalousie ou le désir de nuire - et les dérives inquiétantes d'une société fascinée par les images.

Ce que j’en pense : Tout d’abord, je souhaitais remercier les éditions Folio qui m’ont permis de découvrir Alexandre Postel, que je ne connaissais pas jusqu’à présent. Je n’avais jamais entendu parler de cet auteur et je me plaçais ici dans une totale découverte.

Je dois avouer que j’ai mis un peu plus de temps à rédiger cette chronique, car j’ai eu du mal à me plonger dans le récit qui ne m’a malheureusement pas totalement captivée.

L’histoire de Damien North fait froid dans le dos et ce froid devient carrément glacial quand on pense que son histoire pourrait arriver à n’importe qui.



Imaginez-vous vous lever un beau matin, la police frappe à votre porte, vous emmène au commissariat et vous accuse du pire des crimes : la pédopornographie. On croit d’abord à un malentendu, la police s’en rendra bien compte ; on ressent l’angoisse, la colère et la honte, on clame son innocence, réfute les preuves.. Mais rien ne se passe et vous vous retrouvé jeté en prison tel le pire des criminels.

Le personnage de Damien North est un véritable « présumé coupable » : un homme discret, « effacé », solitaire, vieux garçon, peu sympathique et qui s’exprime maladroitement. Bref, une caricature de lui-même (ou du rat de bibliothèque option prof de philo), un personnage qui manque de nuances.

Mais surtout, il ne sait absolument pas se défendre. Et comme il ne sait pas se défendre et qu’il a « la tête de l’emploi », il va se retrouver à la fois condamné par la justice de son pays (on aimerait quand même savoir lequel) mais également condamné par ses concitoyens, même lorsqu’il sera innocenté.

Comment recommencer à vivre lorsque votre image a été salie et votre humanité piétinée dans un procès instruit uniquement à charge ? Comment recommencer à vivre lorsqu’à la sortie de prison, vos moindres faits et gestes sont épiés, amplifiés et déformés par votre entourage et vos voisins ?

A la lecture d’un « homme effacé », on ne peut s’empêcher de penser à ces hommes que la justice et les justiciables ont condamné parce qu’ils avaient l’air d’un parfait coupable alors qu’ils étaient innocents, comme Patrick Dills, Loïc Secher ou encore l'affaire d'Outreau.




Alexandre Postel nous offre ici une satire sociale en dénonçant les gens trop « bien-pensants » qui ne se fondent que sur les apparences pour condamner quelqu’un. Leur jugement va d’ailleurs faire douter Damien North de qui il est en réalité et de son innocence dans cette affaire, alors qu’elle ne fait pas l’ombre d’un doute.

L’écriture d’Alexandre Postel est agréable à lire mais je regrette tout de même le manque de profondeur du roman, notamment dans la seconde partie, moins journalistique que la première, et qui aurait pu être plus nuancée.


« Au fond, ce n'est pas parce qu'il a été innocenté qu'il est à tout jamais innocent », dira l’une des voisines de Damien North...Et vous, jugez-vous aussi vos voisins uniquement sur leur apparence ? 


Ma note : 3/5



samedi 22 novembre 2014

Ce qu'il advint du sauvage blanc de François Garde




La quatrième de couv’ : au milieu du XIXe siècle, Narcisse Pelletier, un jeune matelot français, est abandonné sur une plage d'Australie.

Dix-sept ans plus tard, un navire anglais le retrouve par hasard : il vit nu, tatoué, sait chasser et pêcher à la manière de la tribu qui l'a recueilli. Il a perdu l'usage de la langue française et oublié son nom.

Que s'est-il passé pendant ces dix-sept années ? C'est l'énigme à laquelle se heurte Octave de Vallombrun, l'homme providentiel qui recueille à Sydney celui qu'on surnomme désormais le « sauvage blanc ».

Ce que j’en pense : En surface, voilà un livre que j’aurais classé dans la catégorie des « sans plus ni moins » : de ceux qu’on lit facilement, mais qui ne vous emporte pas très loin. Et pourtant, lorsque je me suis donnée la peine de creuser un peu, ma vision de ce livre a pris une toute autre tournure..

Le récit alterne les points de vue de Narcisse, lorsqu’il est abandonné sur une plage en Australie, et d’Octave, qui recueille dix-huit ans plus tard un homme que l’on surnomme « le sauvage blanc ». J’ai toujours apprécié cette forme d’écriture car elle donnait du dynamisme à la lecture.

Toutefois, et à mon sens, l’intérêt d’alterner deux points de vue, c’est de pouvoir se mettre à la place d’un personnage ou d’un autre à un même moment dans le roman et d’avoir une vision différente pour des faits identiques ; c’est aussi de pouvoir croiser les deux récits à la fin.

Or, cela n’a pas été du tout le cas ici. Tout d’abord parce que le point de départ entre les deux récits est chronologiquement différent, car espacé de dix-huit ans, et ensuite parce que non seulement les récits ne se croisent pas, mais ils ne présentent aucune cohérence à la fin. Et par conséquent, il n’y a aucun dénouement commun à la fin, ni pour Narcisse, ni pour Octave.



Si l’on s’intéresse au fond, l’auteur essaie de nous faire réfléchir sur la place que peut occuper un personnage tel que Narcisse dans notre société. Narcisse aurait passé dix- huit ans auprès d’une tribu aborigène australienne et se serait approprié leur langage, leurs us et coutumes, à tel point qu’il en aurait oublié sa vie (occidentale) antérieure.

Du coup, sous couvert d’un prétendu intérêt scientifique, des hommes ont cru bon de l’arracher au milieu qu’il avait apprivoisé pour le ramener à la civilisation, puisqu’il ne pouvait en être autrement. Comment pourrait-on en effet laisser un homme blanc parmi les « sauvages » ?

Je suis assez réservée sur le terme de « sauvage » que je trouve à tendance légèrement raciste et colonialiste. Mais bon, passons..

Si le récit de François Garde est inspiré d’une histoire vraie, il est fort regrettable que l’auteur n’ait jamais pris la peine de se renseigner sur le vrai Narcisse Pelletier et sur la fameuse tribu de « sauvages » qui l’a recueilli.

Il s’avère en effet que, contrairement à ce que François Garde décrit dans son roman, la vraie tribu parmi laquelle a vécu Narcisse Pelletier ne vivait pas complètement nue et ne pratiquait pas non plus le viol comme spectacle. Les « sandbeach people » (leur vrai nom) étaient très doués pour la chasse, n’étaient absolument pas dénués d’humanité (la vraie histoire veut qu’ils aient accueilli Narcisse dès qu’ils l’ont retrouvé sur le plage) et possédaient une culture très riche et complexe.

Pour en savoir plus : http://www.sogip.ehess.fr/spip.php?article415&lang=fr

Par la suite, l’auteur a d’ailleurs avoué qu’il « ne s’était pas documenté » sur Narcisse Pelletier ou sur la tribu des Sandbeach people lorsqu’il a écrit son bouquin, et qu’il « espérait » que ses « sauvages » étaient « vraisemblables »  (http://www.chronobook.fr/evenement-entretien-exclusif-avec-francois-garde-482.html)..

Un regrettable oubli..

Ma note : 0,75/5

mardi 28 octobre 2014

La chute des géants de Ken Follett




La quatrième de couv'En 1911, les grandes puissances vivent leurs derniers instants d'insouciance. Bientôt la guerre va déferler sur le monde... De l'Europe aux Etats-Unis, du fond des mines du pays de Galles aux antichambres du pouvoir soviétique, en passant par les tranchées de la Somme, cinq familles vont se croiser, s'unir, se déchirer, au rythme des bouleversements de l'Histoire. Passions contrariées, rivalités et intrigues, jeux politiques et trahisons... Billy et Ethel Williams, Lady Maud Fitzherbert, Walter von Ulrich, Gus Dewar, Grigori et Lev Pechkov vont braver les obstacles et les peurs pour s'aimer, pour survivre, pour tenter de changer le cours du monde.

Ce que j'en pense : Le moins que l'on puisse dire, c'est que Ken Follett n'aime pas faire court ! Plus de 1000 pages.. ça occupe pas mal de soirées quand même !

La Chute des géants est une saga historique sur la lutte des classes avec la première guerre mondiale en toile de fond. Pour illustrer la chute des grands de l’époque, Ken Follett va se servir de l’histoire de plusieurs personnages fictifs et vivants dans des Etats stratégiques : la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Russie et les Etats-Unis.

Si l’offre parait alléchante, le résultat n’est pas tout à fait à la hauteur me concernant. Certes, le livre est extrêmement bien documenté et a dû certainement demander un travail colossal ; certes, le travail d’écriture est indéniable, toutefois.. quel ennui !

Je n’ai absolument pas été emportée dans le tourbillon de cette saga de Follet et suis complètement restée hermétique à son récit. Certains personnages m’ont tout de même touchée (spécial dédicace à Maud et Ethel), mais cela n’a pas suffi pour emporter mon adhésion.

Trop de personnages, des descriptions parfois trop longues, des détails inutiles sont venus alourdir ma lecture. J’ai cherché des rebondissements qui rendrait ma lecture palpitante.. sans jamais les trouver.

Du coup, je suis assez déçue de ce pavé pourtant si chaudement recommandé.. Reprendrez-vous du tome 2 mademoiselle ? Euh.. je vais réfléchir encore un peu..


Ma note : 2/5

vendredi 22 août 2014

Ulysse from Bagdad d'Eric Emmanuel Schmitt



L’histoire : Saad Saad est né et a grandi à Bagdad, en pleine période de guerre avec les Etats-Unis et sous le régime militaire de Saddam Hussein. Convaincu par sa famille, il entreprend de quitter sa ville natale pour gagner l’Europe, la liberté, la chance d’avoir un avenir.
Son problème ? Comment entreprendre un tel voyage alors qu’il n’a pas un sou en poche ?
Tel un Ulysse des temps modernes, Saad va alors se lancer dans une folle aventure où il négociera avec des trafiquants, échappera aux naufrages, se liera d’amitié avec des personnes qui vont bouleverser sa vie et devra s’arracher aux enchantements amoureux..

Ce que j’en pense : Je vous le dit d’entrée de jeu, ce livre est loin d’être mon EES préféré ! Mais il reste un EES quand même.
Comme toujours, EES essaie de nous faire réfléchir une question philosophique ou un problème sociologique, qu’il illustre à travers une histoire. La question à laquelle il nous renvoie ici porte les conditions de notre naissance.
Comme le disait la chanson, « on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille ».. on ne choisit pas non plus le lieu ou la période à laquelle on va naitre. Pour ma part, j’ai toujours rêvé de vivre dans les années 1970 et d’user mes plateforme shoes à force de danser le disco.. Mais bon, passons..

« Né quelque part où il ne fallait pas, j'ai voulu en partir ; réclamant le statut de réfugié, j'ai dégringolé d'identité en identité, migrant, mendiant, illégal, sans-papiers, sans-droits, sans-travail ; le seul vocable qui me définit désormais est clandestin. […] Bienvenu nul part, étranger partout. »

C’est donc sur le thème des conditions de vie des réfugiés et des populations migrantes que nous amène EES. Alors que nous sommes tous préoccupés par notre confort personnel, il est parfois difficile de s’interroger sur le sort des populations qui sont nées au mauvais endroit, au mauvais moment..
Ces réfugiés sont parfois traités « comme des chiens », considérés comme des sous-hommes et exploités par des « marchands de rêves » alors qu’ils font ce que la plupart d’entre nous feraient : fuir la misère de son pays. Le tout dans l’indifférence la plus totale, pire même le rejet entre êtres humains..
Même si Saad a réussi à atteindre son rêve, je m’interroge tout de même sur le fait de savoir si la vie en Occident lui réellement apportera ce qu’il recherchait et si la sécurité matérielle compensera le fait de se couper de ses racines. Mais là, c’est un autre débat..
Saad est un jeune homme très astucieux et très malin qui sait toujours retomber sur ses pattes. Mais je dois dire que j’ai adoré le personnage du père qui a apporté une touche de poésie à ce roman.

"Il préférait fréquenter la langue en altitude [...]. Par conséquent, il appelait son père "l'auteur de mes jours", son épouse notre mère "ma fontaine de fertilité" et ses rejetons "la chair de ma chair, le sang de mon sang, la sueur des étoiles".

En résumé, même si ce n’est pas mon roman préféré d’EES, on en ressort grandi comme à chaque fois et c’est ce qui fait toute la qualité de l’auteur. Bravo Monsieur Schmitt !

Ma note : 3/5

Et pour finir, une petite citation : « Ces dernières siècles, les Européens, ils sont allés un peu partout, ils ont fondé des commerces un peu partout, ils ont volé un peu partout, ils ont creusé un peu partout, ils ont construit un peu partout, ils se sont reproduits un peu partout, ils ont colonisé un peu partout, et maintenant, ils s'offusqueraient qu'on vienne chez eux ? Mais je n'en crois pas mes oreilles ! Leur territoire, les Européens, ils sont venus l'agrandir chez nous sans vergogne, non ? Ce sont eux qui ont commencé à déplacer les frontières. Maintenant, c'est notre tour à nous, va falloir qu'ils s'habituent, parce qu'on va tous venir chez eux, les Africains, les Arabes, les Latinos, les Asiatiques. Moi, à la différence d'eux, je ne traverse pas la frontière avec des armes, des soldats ou la noble mission de changer leur langue, leurs lois, leur religion »

Un homme, ça ne pleure pas de Faïza Guène


L’histoire : Né de parents algériens, Mourad vit à Nice avec ses parents et ses deux sœurs. Pour Dounia, sa grande sœur, ça ne fait aucun doute : hors de question de finir mariée avec un « cousin du bled », femme au foyer et mère de cinq enfants. Ca Non. Dounia veut faire carrière ; et pour cela, elle est prête à tout écraser sur son passage, quitte à faire certains sacrifices..
Sa petite sœur Mina, quant à elle, suivra le chemin tout tracé par ses parents : petite fille modèle, elle épousera un honnête musulman avec qui elle aura trois beaux enfants et vivra une vie familiale traditionnelle et exemplaire.
Mourad, quant à lui, se retrouve coincé entre un héritage familial pesant et une culture différente de ses origines mais qu’il affectionne particulièrement.. Son pire cauchemar serait de devenir un vieux garçon obèse aux cheveux poivre et sel, nourri à base d’huile de friture par sa mère.
Mais comment arriver à se construire une personnalité lorsqu’on a deux cultures différentes ?

Ce que j’en pense : Alors là, c’est mon coup de cœur littéraire depuis le début de l’année 2014 !
Le livre de Faïza Guène est superbement écrit : elle se pose les bonnes questions, elle est drôle, réaliste, parfois cynique et c’est l’un des romans les plus originaux qu’il m’ait été donné de lire.
Les personnages du roman sont tous très attachants. J’ai beaucoup apprécié la mère : envahissante au possible, avec sa tendance à résoudre les problèmes par la nourriture en abondance, ses maladies imaginaires pour ne pas qu’on la contrarie, sa susceptibilité à fleur de peau et sa légère tendance à l’exagération.. Il y avait comme un petit air de déjà vu ! Même Dounia, qui va pourtant faire des choix radicaux dans sa vie trouve grâce auprès du lecteur à la fin du roman lorsque l’on gratte un petit peu la couche du personnage.
Faïza Guène a effectué un travail remarquable dans l’élaboration de ces personnages qui sont à la fois complexes, touchants et captivants.


L’auteure s’est identifiée à travers le personnage de Mourad qui reste celui qui a le plus les pieds sur terre parmi sa famille un peu loufoque. Mourad observe sa famille se déchirer puis se réconcilier ; il assiste à tous les évènements familiaux sans jamais prendre clairement parti, mais tout en étant doté d’une extrême sensibilité et d’un très grand sens de l’observation.
L’auteure veut attirer notre attention sur plusieurs points : les conflits entre les générations, la construction de soi lorsqu’on a une double-culture etc.. qui sont des sujets qui parlent notamment à ces enfants d’immigrés (dont je fais partie) et dont les parents sont venus s’installer en France avant ou à leur naissance.
Doit-on renier son héritage familial pour totalement s’intégrer ou au contraire le préserver à tout prix quitte à s’éloigner de la culture de notre pays d’accueil ? Que faire en cas d’incompatibilités ?
Voilà un roman qui mérite de faire parler de lui et à mon avis, on ne devrait pas tarder à avoir une adaptation sur grand écran.. Affaire à suivre..

Note : 4/5

Et pour finir, une petite citation : « Dounia plait parce qu’elle symbolise ce que la République fabrique de mieux : une réussite accidentelle. On adore ce genre de modèle d’excellence, grâce auquel on peut dire : « Vous voyez que c’est possible si on veut bien s’en donner les moyens ! ». Fastoche. Ça laisse donc supposer que les autres, une vraie bande de fainéants, bien au chaud, n’ont pas tellement envie de réussir dans la vie ».

Laisser les cendres s'envoler de Nathalie Rheims

L’histoire : Il parait qu’il faut laver son linge sale en famille.. Tout le contraire de Nathalie Rheims qui choisit ici de régler ses comptes en public et en publiant un livre sur son histoire personnelle.
Nathalie Rheims est née dans une famille relativement aisée et, si elle aurait pu avoir tout pour être heureuse, ce ne fut pourtant pas le cas. Elle a cruellement manqué d’amour et d’attention de la part de ses parents. Son père, absorbé par son travail et trop égoïste pour s’occuper d’un enfant, était presque toujours absent. Sa mère, quant à elle, a quitté le foyer familial pour aller rejoindre son amant.
Nathalie Rheims va vivre le départ de sa mère comme un abandon, pire même, elle va l’assimiler à sa mort.
En plus de ses relations avec ses parents, l’auteur nous fait également part des secrets et des non-dits d’une famille où l’apparence est le maitre mot et où le silence est d’or.
Ce que j’en pense : Je suis toujours un peu mal à l’aise lorsqu’il s’agit de rédiger un billet sur une autobiographie car il est délicat de porter un jugement sur la vie d’autrui..
Le sujet évoqué par Nathalie Rheims est d’une extrême gravité : le rejet et l’abandon d’une enfant par sa mèreEt pourtant, j’ai l’impression d’être passée complètement à côté de sa souffrance..
Après avoir lu ce livre, je me suis faite la réflexion que, malgré les talents d’écriture indéniables de Nathalie Rheims, je me sentais un peu mal à l’aise à m’introduire dans son jardin secret et à pénétrer sans y avoir été invitée au sein de sa famille. On sent très nettement que sa souffrance et sa détresse sont sincères.
Toutefois, si l’écriture a des vertus thérapeutiques, en l’occurrence, elles ne vont servir que l’auteur et ce, au détriment du lecteur qui se sent impuissant face à tant de douleur. Finalement, il est peut-être des récits qui sont trop personnel pour être partagés..
J’ai également trouvé certaines réactions de Nathalie Rheims assez « radicales », notamment lorsqu’elle décide d’effacer sa mère de son existence, sans jamais essayer de la comprendre et d’apaiser les choses. Elle nous fournit uniquement un dossier à charge et non à décharge. Or, je me refuse à croire que le monde est divisé en deux camps : les bons d’un côté  et les méchants de l’autre.
Au final, je ne peux pas dire que ce livre m’ait plu, il m’a plutôt incommodée..
Et pour la petite info, même si elle ne cite jamais son nom, sachez que Nathalie Rheims vient d’une très célèbre famille de banquiers dont le nom commence par un R...


Et pour finir, une petite citation : « Dès les premiers jours de ma vie, je rejetais son lait. Je vomissais déjà tout ce qui venait d’elle. On me donna alors du lait en poudre, déshydraté, aseptisé. Peut-être avais-je compris, malgré l’amour que j’avais pour elle, que je devais rester sur mes gardes, pressentant qu’elle était toxique, détraquée, dangereuse pour moi. »

Osez... les conseils d'un gay pour faire l'amour à un homme d'Erik Rémès


L’histoire : « Ce petit guide du sexe explique de manière simple, libre et décomplexée les mille et une façons de faire l’amour à un homme ». En effet, il s’agit un manuel plutôt ludique à l’attention des femmes hétérosexuelles qui désirent connaître plus amplement l’anatomie et la sexualité des hommes. Et qui connait mieux la sexualité masculine.. qu’un homme lui-même !
Ainsi, Erik Rémès passe en revue les différentes zones érogènes (même les plus inattendues) de nos partenaires et nous explique comment les stimuler. Il aborde également différentes pratiques ou autres jeux pimentant les relations sexuelles avec nos amants hommes.
Alors, les secrets d’un homme pour comprendre les hommes, c’est quoi ?
Ce que j’en pense : Tout d’abord, je souhaitais vivement remercier Virginie de la boutique Welcome Love grâce à qui j’ai osé.. aborder la sexualité masculine à travers les yeux d’un homme.
Ce concept tout à fait original a d’emblée titillé ma curiosité dès que j’ai vu ce bouquin ! Aussi, je me suis empressée de dévorer ce manuel avec impatience et curiosité.
Bon.. Je me suis tout d’abord demandée si Erik Rémès n’avait pas un peu fumé la moquette quand même.. Sa théorie consiste à dire que nous autres hétérosexuelles, avons une sexualité beaucoup trop étriquée et moins épanouissante que les homosexuels, qui, eux, ont une sexualité beaucoup plus débridée et désinhibée. L’auteur ajoute que la fidélité et la monogamie ne seraient pas la tasse de thé des homos qui préfèreraient collectionner les partenaires. Quoi, comment ça, vous avez dit cliché ?
Du coup, pour la crédibilité, on repassera..
Aussi, afin de nous libérer des carcans imposés par la société, Erik Rémès nous livre un mode d’emploi façon kit Ikéa pour réussir à faire grimper au plafond notre Jules, cet hétéro un peu coincé. Et là, il y a vraiment de quoi faire et il y en a pour tous les goûts !
Malgré ma petite appréhension du début, j’ai beaucoup aimé la plume d’Erik Rémès qui, en plus d’être pédagogue, ponctue son récit par quelques traits d’humour, ce qui rend la lecture d’autant plus agréable. Même si son guide s’adresse à mon sens à des débutantes, certaines idées sont intéressantes et donnent envie d’être mises en pratique.
Attachez-le […], jouez à la vamp, laissez-vous aller. Faites le strip-tease du siècle. […] Portez des dessous sexy. Mettez une musique d’ambiance. Buvez quelques coupes de champagne. Commencez par toucher votre corps avec vos mains. Au début, jouez les pudiques puis lâchez-vous. Retirez vos dessous progressivement. Approchez-vous de votre partenaire en le regardant droit dans les yeux. Avec les femmes, il est presque toujours préférable d’y aller en douceur. Chez les hommes, au contraire, on préfèrera souvent la fermeté.
Il y a tout de même une difficulté majeure dans les cas pratiques proposés. En effet, Erik Rémès suggère dans plusieurs passages que nous mettions en confiance notre homme afin de pouvoir faire joujou avec sa prostate. Et c’est là que ça coince (sans mauvais jeu de mots..) car je ne connais que très peu d’hommes hétérosexuels ouverts sur le sujet. Et là, franchement, cher Erik, je ne vois pas du tout comment présenter la chose ! Alors, si vous me lisez...
Enfin, j’ai relevé un point négatif non négligeable et qui mériterait un aller express dans la chambre de la douleur façon Christian Grey : les fautes d’orthographe ! Et ça, c’est tout simplement impardonnable !!! Maintenant tournez-vous, mon cher Erik, car vous allez avoir la fessée !!! Oups, on dirait que je m’égare là...

Et pour finir, une petite citation : « A l’heure où seul compte le pouvoir (financier, moral, hiérarchique etc..) que l’on peut prendre sur les autres, le sexe et l’amour libèrent. Quand notre corps est en émoi, les barrières de la conscience et de la raison sont dépassées. L’amour rend fou. Et tant mieux. Il permet de dépasser sa timidité et la peur que nous a inculquée la société. Cet amour qui guide notre vie, ce désir incarné, ce sentiment toujours atteint et éclipsé, fruit de nos entrailles, moteur impitoyable de notre chair, de notre être et de la vie. Les corps se suivent et se ressemblent, s’enchâssent, s’assemblent, s’emboîtent et s’encastrent. Et se lassent. Un désir en chute perpétuelle qui se casse et se tue à chaque rencontre. Puis renaît et bande. »

Et sinon, Welcome Love c'est quoi ?
Welcome Love est le terrain de jeu idéal pour ceux qui souhaitent mettre une petite note pimentée à leurs relations amoureuses ou tout simplement pour celles et ceux qui aiment l'amour !
On y vend des gadgets, cosmétiques et joujoux en tout genre qui vous permettront de découvrir l'amant ou la maitresse sensuelle qui sommeille en vous..
L'équipe est hyper sympa et accessible (demandez Virginie, elle est au top !) et vous renseignera dans la joie et la bonne humeur ! Une visite dans le magasin et c'est le sourire à la sortie garanti !
Les deux boutiques se situent au 127 Boulevard Voltaire - 75011 Paris (Métro Voltaire-Charonne).. 
et au 12 rue des Ecouffes - 75004 Paris (Métro Saint-Paul)

Bon shopping !

Le grand Cœur de Jean-Christophe Rufin

L’histoire : XVème siècle, sur une île grecque. Un homme se cache, persuadé qu’il est traqué et qu’on cherche à le tuer. Sachant qu’il n’échappera pas à ses poursuivants, il éprouve le besoin de coucher sur le papier le récit de sa vie. Et quelle vie ! Fils d’un simple pelletier, il est devenu l’un des hommes les plus riches et les plus influents de France.
Il a connu à la fois l’humiliation, la chute, la fortune, la gloire, puis la prison, la fuite et le dépouillement. Il a aussi bien fréquenté les personnes de conditions modestes, que les bourgeois, le Pape ou encore le Roi Charles VII en personne. Il a parcouru la France entière et développé les relations de la France avec l’Orient. Il fut marqué par trois grandes histoires d’amour dont la plus bouleversante fut avec Agnès Sorel, la maitresse favorite du roi.
Cet homme au destin extraordinaire, c’est Jacques Cœur.
Ce que j’en pense : Tout d’abord, je souhaitais vivement remercier les éditions Folio pour m’avoir fait découvrir Jean-Christophe Rufin que je n’avais encore jamais lu jusqu’à présent, mais dont j’avais entendu énormément de bien.
Je ne connais que très peu le Moyen Age et je n’ai que très peu de souvenirs de mes cours d’histoire sur le sujet (et pourtant, hier encore, j’avais vingt ans..). Toutefois, le personnage de Jacques Cœur a tout de suite éveillé ma curiosité car il semblait avoir vécu une existence plus qu’extraordinaire. De plus, j’ai toujours été fasciné par ces personnages de l’histoire ayant accompli de grandes choses tout en étant partis de rien.
Je me suis donc plongée avec curiosité et avidité dans les mille et une vies de Jacques Cœur..

J’ai tout de suite aimé ce personnage issu d’un milieu très simple mais doté de grandes capacités intellectuelles.. et relationnelles ! En effet, l’enfant (de) Cœur se révèlera très vite être un excellent chef de bande et un fin négociateur.. qualités qui lui seront bien utiles dans son parcours de vie ! On peut prêter de nombreuses autres qualités à ce personnage : le courage, l’ambition, la ténacité et un petit côté astucieux qui m’a assez séduit.
Et d’ailleurs, Jacques Cœur est aussi un homme à femmes (un bourreau des cœurs ?) et les trois femmes de sa vie tiendront une grande place dans la sienne. La relation qu’il vivra avec Agnès Sorel marquera à jamais son existence et à ce titre, je dois avouer que Jean-Christophe Rufin a réussi avec brio à décrire et transmettre au lecteur l’intensité et la tendresse de leur relation.
Le style de Rufin est tout simplement une leçon d’écriture ! Son livre est admirablement bien écrit et se lit vraiment très facilement, même pour les lecteurs qui, comme moi, n’ont que peu de connaissances de l’époque du Moyen Age.
Ainsi, nous sommes véritablement plongés dans le tourbillon de la vie de Jacques Cœur pour ne s’en détacher que très difficilement. On sent que l’écriture de ce roman a dû demander beaucoup de travail de recherches à son auteur car je ne suis pas sûre que la documentation sur Jacques Cœur soit foisonnante. Il m’apparait donc évident que Rufin ait été contrait de combler les « trous » historiques avec son imagination.
Toutefois, petit bémol : Rufin se perd parfois dans des détails qui perdent également le lecteur en cours de route et qui rendent le récit un peu « pesant ». Certains passages auraient pu être raccourcis et parfois, le dialogue aurait pu être privilégié aux longues descriptions pour donner un côté plus vivant à l’histoire. N’oublions pas tout de même que ce livre compte un peu moins de 600 pages en format poche !
Enfin, chers amis lecteurs, en lisant Le grand Cœur, ne vous attendez pas à lire une biographie de Jacques Cœur mais plutôt un roman historique car Rufin a réussi là où d’autres ont échoué avant lui : il a romancé l’histoire.. et l’a rendue crédible !
Tellement crédible que j’ai parfois eu l’impression de lire non pas un simple roman mais de véritables confessions : comme si Jean-Christophe Ruffin était devenu Jacques Cœur..

Et pour finir, une petite citation : « Il est âge où l'on peut forcer sa nature avec sincérité et se convaincre, jour après jour, que l'on suit un chemin nécessaire alors qu'il vous éloigne de votre volonté profonde et que l'on s'égare. L'essentiel est de garder assez d'énergie pour changer lorsque l'écart devient souffrance et que l'on comprend son erreur ».