Index des auteurs de A à Z

vendredi 22 août 2014

Ulysse from Bagdad d'Eric Emmanuel Schmitt



L’histoire : Saad Saad est né et a grandi à Bagdad, en pleine période de guerre avec les Etats-Unis et sous le régime militaire de Saddam Hussein. Convaincu par sa famille, il entreprend de quitter sa ville natale pour gagner l’Europe, la liberté, la chance d’avoir un avenir.
Son problème ? Comment entreprendre un tel voyage alors qu’il n’a pas un sou en poche ?
Tel un Ulysse des temps modernes, Saad va alors se lancer dans une folle aventure où il négociera avec des trafiquants, échappera aux naufrages, se liera d’amitié avec des personnes qui vont bouleverser sa vie et devra s’arracher aux enchantements amoureux..

Ce que j’en pense : Je vous le dit d’entrée de jeu, ce livre est loin d’être mon EES préféré ! Mais il reste un EES quand même.
Comme toujours, EES essaie de nous faire réfléchir une question philosophique ou un problème sociologique, qu’il illustre à travers une histoire. La question à laquelle il nous renvoie ici porte les conditions de notre naissance.
Comme le disait la chanson, « on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille ».. on ne choisit pas non plus le lieu ou la période à laquelle on va naitre. Pour ma part, j’ai toujours rêvé de vivre dans les années 1970 et d’user mes plateforme shoes à force de danser le disco.. Mais bon, passons..

« Né quelque part où il ne fallait pas, j'ai voulu en partir ; réclamant le statut de réfugié, j'ai dégringolé d'identité en identité, migrant, mendiant, illégal, sans-papiers, sans-droits, sans-travail ; le seul vocable qui me définit désormais est clandestin. […] Bienvenu nul part, étranger partout. »

C’est donc sur le thème des conditions de vie des réfugiés et des populations migrantes que nous amène EES. Alors que nous sommes tous préoccupés par notre confort personnel, il est parfois difficile de s’interroger sur le sort des populations qui sont nées au mauvais endroit, au mauvais moment..
Ces réfugiés sont parfois traités « comme des chiens », considérés comme des sous-hommes et exploités par des « marchands de rêves » alors qu’ils font ce que la plupart d’entre nous feraient : fuir la misère de son pays. Le tout dans l’indifférence la plus totale, pire même le rejet entre êtres humains..
Même si Saad a réussi à atteindre son rêve, je m’interroge tout de même sur le fait de savoir si la vie en Occident lui réellement apportera ce qu’il recherchait et si la sécurité matérielle compensera le fait de se couper de ses racines. Mais là, c’est un autre débat..
Saad est un jeune homme très astucieux et très malin qui sait toujours retomber sur ses pattes. Mais je dois dire que j’ai adoré le personnage du père qui a apporté une touche de poésie à ce roman.

"Il préférait fréquenter la langue en altitude [...]. Par conséquent, il appelait son père "l'auteur de mes jours", son épouse notre mère "ma fontaine de fertilité" et ses rejetons "la chair de ma chair, le sang de mon sang, la sueur des étoiles".

En résumé, même si ce n’est pas mon roman préféré d’EES, on en ressort grandi comme à chaque fois et c’est ce qui fait toute la qualité de l’auteur. Bravo Monsieur Schmitt !

Ma note : 3/5

Et pour finir, une petite citation : « Ces dernières siècles, les Européens, ils sont allés un peu partout, ils ont fondé des commerces un peu partout, ils ont volé un peu partout, ils ont creusé un peu partout, ils ont construit un peu partout, ils se sont reproduits un peu partout, ils ont colonisé un peu partout, et maintenant, ils s'offusqueraient qu'on vienne chez eux ? Mais je n'en crois pas mes oreilles ! Leur territoire, les Européens, ils sont venus l'agrandir chez nous sans vergogne, non ? Ce sont eux qui ont commencé à déplacer les frontières. Maintenant, c'est notre tour à nous, va falloir qu'ils s'habituent, parce qu'on va tous venir chez eux, les Africains, les Arabes, les Latinos, les Asiatiques. Moi, à la différence d'eux, je ne traverse pas la frontière avec des armes, des soldats ou la noble mission de changer leur langue, leurs lois, leur religion »

Un homme, ça ne pleure pas de Faïza Guène


L’histoire : Né de parents algériens, Mourad vit à Nice avec ses parents et ses deux sœurs. Pour Dounia, sa grande sœur, ça ne fait aucun doute : hors de question de finir mariée avec un « cousin du bled », femme au foyer et mère de cinq enfants. Ca Non. Dounia veut faire carrière ; et pour cela, elle est prête à tout écraser sur son passage, quitte à faire certains sacrifices..
Sa petite sœur Mina, quant à elle, suivra le chemin tout tracé par ses parents : petite fille modèle, elle épousera un honnête musulman avec qui elle aura trois beaux enfants et vivra une vie familiale traditionnelle et exemplaire.
Mourad, quant à lui, se retrouve coincé entre un héritage familial pesant et une culture différente de ses origines mais qu’il affectionne particulièrement.. Son pire cauchemar serait de devenir un vieux garçon obèse aux cheveux poivre et sel, nourri à base d’huile de friture par sa mère.
Mais comment arriver à se construire une personnalité lorsqu’on a deux cultures différentes ?

Ce que j’en pense : Alors là, c’est mon coup de cœur littéraire depuis le début de l’année 2014 !
Le livre de Faïza Guène est superbement écrit : elle se pose les bonnes questions, elle est drôle, réaliste, parfois cynique et c’est l’un des romans les plus originaux qu’il m’ait été donné de lire.
Les personnages du roman sont tous très attachants. J’ai beaucoup apprécié la mère : envahissante au possible, avec sa tendance à résoudre les problèmes par la nourriture en abondance, ses maladies imaginaires pour ne pas qu’on la contrarie, sa susceptibilité à fleur de peau et sa légère tendance à l’exagération.. Il y avait comme un petit air de déjà vu ! Même Dounia, qui va pourtant faire des choix radicaux dans sa vie trouve grâce auprès du lecteur à la fin du roman lorsque l’on gratte un petit peu la couche du personnage.
Faïza Guène a effectué un travail remarquable dans l’élaboration de ces personnages qui sont à la fois complexes, touchants et captivants.


L’auteure s’est identifiée à travers le personnage de Mourad qui reste celui qui a le plus les pieds sur terre parmi sa famille un peu loufoque. Mourad observe sa famille se déchirer puis se réconcilier ; il assiste à tous les évènements familiaux sans jamais prendre clairement parti, mais tout en étant doté d’une extrême sensibilité et d’un très grand sens de l’observation.
L’auteure veut attirer notre attention sur plusieurs points : les conflits entre les générations, la construction de soi lorsqu’on a une double-culture etc.. qui sont des sujets qui parlent notamment à ces enfants d’immigrés (dont je fais partie) et dont les parents sont venus s’installer en France avant ou à leur naissance.
Doit-on renier son héritage familial pour totalement s’intégrer ou au contraire le préserver à tout prix quitte à s’éloigner de la culture de notre pays d’accueil ? Que faire en cas d’incompatibilités ?
Voilà un roman qui mérite de faire parler de lui et à mon avis, on ne devrait pas tarder à avoir une adaptation sur grand écran.. Affaire à suivre..

Note : 4/5

Et pour finir, une petite citation : « Dounia plait parce qu’elle symbolise ce que la République fabrique de mieux : une réussite accidentelle. On adore ce genre de modèle d’excellence, grâce auquel on peut dire : « Vous voyez que c’est possible si on veut bien s’en donner les moyens ! ». Fastoche. Ça laisse donc supposer que les autres, une vraie bande de fainéants, bien au chaud, n’ont pas tellement envie de réussir dans la vie ».

Laisser les cendres s'envoler de Nathalie Rheims

L’histoire : Il parait qu’il faut laver son linge sale en famille.. Tout le contraire de Nathalie Rheims qui choisit ici de régler ses comptes en public et en publiant un livre sur son histoire personnelle.
Nathalie Rheims est née dans une famille relativement aisée et, si elle aurait pu avoir tout pour être heureuse, ce ne fut pourtant pas le cas. Elle a cruellement manqué d’amour et d’attention de la part de ses parents. Son père, absorbé par son travail et trop égoïste pour s’occuper d’un enfant, était presque toujours absent. Sa mère, quant à elle, a quitté le foyer familial pour aller rejoindre son amant.
Nathalie Rheims va vivre le départ de sa mère comme un abandon, pire même, elle va l’assimiler à sa mort.
En plus de ses relations avec ses parents, l’auteur nous fait également part des secrets et des non-dits d’une famille où l’apparence est le maitre mot et où le silence est d’or.
Ce que j’en pense : Je suis toujours un peu mal à l’aise lorsqu’il s’agit de rédiger un billet sur une autobiographie car il est délicat de porter un jugement sur la vie d’autrui..
Le sujet évoqué par Nathalie Rheims est d’une extrême gravité : le rejet et l’abandon d’une enfant par sa mèreEt pourtant, j’ai l’impression d’être passée complètement à côté de sa souffrance..
Après avoir lu ce livre, je me suis faite la réflexion que, malgré les talents d’écriture indéniables de Nathalie Rheims, je me sentais un peu mal à l’aise à m’introduire dans son jardin secret et à pénétrer sans y avoir été invitée au sein de sa famille. On sent très nettement que sa souffrance et sa détresse sont sincères.
Toutefois, si l’écriture a des vertus thérapeutiques, en l’occurrence, elles ne vont servir que l’auteur et ce, au détriment du lecteur qui se sent impuissant face à tant de douleur. Finalement, il est peut-être des récits qui sont trop personnel pour être partagés..
J’ai également trouvé certaines réactions de Nathalie Rheims assez « radicales », notamment lorsqu’elle décide d’effacer sa mère de son existence, sans jamais essayer de la comprendre et d’apaiser les choses. Elle nous fournit uniquement un dossier à charge et non à décharge. Or, je me refuse à croire que le monde est divisé en deux camps : les bons d’un côté  et les méchants de l’autre.
Au final, je ne peux pas dire que ce livre m’ait plu, il m’a plutôt incommodée..
Et pour la petite info, même si elle ne cite jamais son nom, sachez que Nathalie Rheims vient d’une très célèbre famille de banquiers dont le nom commence par un R...


Et pour finir, une petite citation : « Dès les premiers jours de ma vie, je rejetais son lait. Je vomissais déjà tout ce qui venait d’elle. On me donna alors du lait en poudre, déshydraté, aseptisé. Peut-être avais-je compris, malgré l’amour que j’avais pour elle, que je devais rester sur mes gardes, pressentant qu’elle était toxique, détraquée, dangereuse pour moi. »

Osez... les conseils d'un gay pour faire l'amour à un homme d'Erik Rémès


L’histoire : « Ce petit guide du sexe explique de manière simple, libre et décomplexée les mille et une façons de faire l’amour à un homme ». En effet, il s’agit un manuel plutôt ludique à l’attention des femmes hétérosexuelles qui désirent connaître plus amplement l’anatomie et la sexualité des hommes. Et qui connait mieux la sexualité masculine.. qu’un homme lui-même !
Ainsi, Erik Rémès passe en revue les différentes zones érogènes (même les plus inattendues) de nos partenaires et nous explique comment les stimuler. Il aborde également différentes pratiques ou autres jeux pimentant les relations sexuelles avec nos amants hommes.
Alors, les secrets d’un homme pour comprendre les hommes, c’est quoi ?
Ce que j’en pense : Tout d’abord, je souhaitais vivement remercier Virginie de la boutique Welcome Love grâce à qui j’ai osé.. aborder la sexualité masculine à travers les yeux d’un homme.
Ce concept tout à fait original a d’emblée titillé ma curiosité dès que j’ai vu ce bouquin ! Aussi, je me suis empressée de dévorer ce manuel avec impatience et curiosité.
Bon.. Je me suis tout d’abord demandée si Erik Rémès n’avait pas un peu fumé la moquette quand même.. Sa théorie consiste à dire que nous autres hétérosexuelles, avons une sexualité beaucoup trop étriquée et moins épanouissante que les homosexuels, qui, eux, ont une sexualité beaucoup plus débridée et désinhibée. L’auteur ajoute que la fidélité et la monogamie ne seraient pas la tasse de thé des homos qui préfèreraient collectionner les partenaires. Quoi, comment ça, vous avez dit cliché ?
Du coup, pour la crédibilité, on repassera..
Aussi, afin de nous libérer des carcans imposés par la société, Erik Rémès nous livre un mode d’emploi façon kit Ikéa pour réussir à faire grimper au plafond notre Jules, cet hétéro un peu coincé. Et là, il y a vraiment de quoi faire et il y en a pour tous les goûts !
Malgré ma petite appréhension du début, j’ai beaucoup aimé la plume d’Erik Rémès qui, en plus d’être pédagogue, ponctue son récit par quelques traits d’humour, ce qui rend la lecture d’autant plus agréable. Même si son guide s’adresse à mon sens à des débutantes, certaines idées sont intéressantes et donnent envie d’être mises en pratique.
Attachez-le […], jouez à la vamp, laissez-vous aller. Faites le strip-tease du siècle. […] Portez des dessous sexy. Mettez une musique d’ambiance. Buvez quelques coupes de champagne. Commencez par toucher votre corps avec vos mains. Au début, jouez les pudiques puis lâchez-vous. Retirez vos dessous progressivement. Approchez-vous de votre partenaire en le regardant droit dans les yeux. Avec les femmes, il est presque toujours préférable d’y aller en douceur. Chez les hommes, au contraire, on préfèrera souvent la fermeté.
Il y a tout de même une difficulté majeure dans les cas pratiques proposés. En effet, Erik Rémès suggère dans plusieurs passages que nous mettions en confiance notre homme afin de pouvoir faire joujou avec sa prostate. Et c’est là que ça coince (sans mauvais jeu de mots..) car je ne connais que très peu d’hommes hétérosexuels ouverts sur le sujet. Et là, franchement, cher Erik, je ne vois pas du tout comment présenter la chose ! Alors, si vous me lisez...
Enfin, j’ai relevé un point négatif non négligeable et qui mériterait un aller express dans la chambre de la douleur façon Christian Grey : les fautes d’orthographe ! Et ça, c’est tout simplement impardonnable !!! Maintenant tournez-vous, mon cher Erik, car vous allez avoir la fessée !!! Oups, on dirait que je m’égare là...

Et pour finir, une petite citation : « A l’heure où seul compte le pouvoir (financier, moral, hiérarchique etc..) que l’on peut prendre sur les autres, le sexe et l’amour libèrent. Quand notre corps est en émoi, les barrières de la conscience et de la raison sont dépassées. L’amour rend fou. Et tant mieux. Il permet de dépasser sa timidité et la peur que nous a inculquée la société. Cet amour qui guide notre vie, ce désir incarné, ce sentiment toujours atteint et éclipsé, fruit de nos entrailles, moteur impitoyable de notre chair, de notre être et de la vie. Les corps se suivent et se ressemblent, s’enchâssent, s’assemblent, s’emboîtent et s’encastrent. Et se lassent. Un désir en chute perpétuelle qui se casse et se tue à chaque rencontre. Puis renaît et bande. »

Et sinon, Welcome Love c'est quoi ?
Welcome Love est le terrain de jeu idéal pour ceux qui souhaitent mettre une petite note pimentée à leurs relations amoureuses ou tout simplement pour celles et ceux qui aiment l'amour !
On y vend des gadgets, cosmétiques et joujoux en tout genre qui vous permettront de découvrir l'amant ou la maitresse sensuelle qui sommeille en vous..
L'équipe est hyper sympa et accessible (demandez Virginie, elle est au top !) et vous renseignera dans la joie et la bonne humeur ! Une visite dans le magasin et c'est le sourire à la sortie garanti !
Les deux boutiques se situent au 127 Boulevard Voltaire - 75011 Paris (Métro Voltaire-Charonne).. 
et au 12 rue des Ecouffes - 75004 Paris (Métro Saint-Paul)

Bon shopping !

Le grand Cœur de Jean-Christophe Rufin

L’histoire : XVème siècle, sur une île grecque. Un homme se cache, persuadé qu’il est traqué et qu’on cherche à le tuer. Sachant qu’il n’échappera pas à ses poursuivants, il éprouve le besoin de coucher sur le papier le récit de sa vie. Et quelle vie ! Fils d’un simple pelletier, il est devenu l’un des hommes les plus riches et les plus influents de France.
Il a connu à la fois l’humiliation, la chute, la fortune, la gloire, puis la prison, la fuite et le dépouillement. Il a aussi bien fréquenté les personnes de conditions modestes, que les bourgeois, le Pape ou encore le Roi Charles VII en personne. Il a parcouru la France entière et développé les relations de la France avec l’Orient. Il fut marqué par trois grandes histoires d’amour dont la plus bouleversante fut avec Agnès Sorel, la maitresse favorite du roi.
Cet homme au destin extraordinaire, c’est Jacques Cœur.
Ce que j’en pense : Tout d’abord, je souhaitais vivement remercier les éditions Folio pour m’avoir fait découvrir Jean-Christophe Rufin que je n’avais encore jamais lu jusqu’à présent, mais dont j’avais entendu énormément de bien.
Je ne connais que très peu le Moyen Age et je n’ai que très peu de souvenirs de mes cours d’histoire sur le sujet (et pourtant, hier encore, j’avais vingt ans..). Toutefois, le personnage de Jacques Cœur a tout de suite éveillé ma curiosité car il semblait avoir vécu une existence plus qu’extraordinaire. De plus, j’ai toujours été fasciné par ces personnages de l’histoire ayant accompli de grandes choses tout en étant partis de rien.
Je me suis donc plongée avec curiosité et avidité dans les mille et une vies de Jacques Cœur..

J’ai tout de suite aimé ce personnage issu d’un milieu très simple mais doté de grandes capacités intellectuelles.. et relationnelles ! En effet, l’enfant (de) Cœur se révèlera très vite être un excellent chef de bande et un fin négociateur.. qualités qui lui seront bien utiles dans son parcours de vie ! On peut prêter de nombreuses autres qualités à ce personnage : le courage, l’ambition, la ténacité et un petit côté astucieux qui m’a assez séduit.
Et d’ailleurs, Jacques Cœur est aussi un homme à femmes (un bourreau des cœurs ?) et les trois femmes de sa vie tiendront une grande place dans la sienne. La relation qu’il vivra avec Agnès Sorel marquera à jamais son existence et à ce titre, je dois avouer que Jean-Christophe Rufin a réussi avec brio à décrire et transmettre au lecteur l’intensité et la tendresse de leur relation.
Le style de Rufin est tout simplement une leçon d’écriture ! Son livre est admirablement bien écrit et se lit vraiment très facilement, même pour les lecteurs qui, comme moi, n’ont que peu de connaissances de l’époque du Moyen Age.
Ainsi, nous sommes véritablement plongés dans le tourbillon de la vie de Jacques Cœur pour ne s’en détacher que très difficilement. On sent que l’écriture de ce roman a dû demander beaucoup de travail de recherches à son auteur car je ne suis pas sûre que la documentation sur Jacques Cœur soit foisonnante. Il m’apparait donc évident que Rufin ait été contrait de combler les « trous » historiques avec son imagination.
Toutefois, petit bémol : Rufin se perd parfois dans des détails qui perdent également le lecteur en cours de route et qui rendent le récit un peu « pesant ». Certains passages auraient pu être raccourcis et parfois, le dialogue aurait pu être privilégié aux longues descriptions pour donner un côté plus vivant à l’histoire. N’oublions pas tout de même que ce livre compte un peu moins de 600 pages en format poche !
Enfin, chers amis lecteurs, en lisant Le grand Cœur, ne vous attendez pas à lire une biographie de Jacques Cœur mais plutôt un roman historique car Rufin a réussi là où d’autres ont échoué avant lui : il a romancé l’histoire.. et l’a rendue crédible !
Tellement crédible que j’ai parfois eu l’impression de lire non pas un simple roman mais de véritables confessions : comme si Jean-Christophe Ruffin était devenu Jacques Cœur..

Et pour finir, une petite citation : « Il est âge où l'on peut forcer sa nature avec sincérité et se convaincre, jour après jour, que l'on suit un chemin nécessaire alors qu'il vous éloigne de votre volonté profonde et que l'on s'égare. L'essentiel est de garder assez d'énergie pour changer lorsque l'écart devient souffrance et que l'on comprend son erreur ».

Avant d'aller dormir chez vous d'Antoine de Maximy


L’histoire : l’animateur et réalisateur Antoine de Maximy revient sur son histoire personnelle et sa carrière afin de nous raconter sa vie de globe-trotter mais surtout.. de globe-squatter ! En effet, le grand public l’a découvert à travers l’émission « J’irai dormir chez vous », qu’il a transformé plus tard en long métrage, « J’irai dormir à Hollywood ».
En lisant son autobiographie, nous apprenons qu’Antoine de Maximy a été reporter de guerre, a plongé en sous-marin au fond du Pacifique, dormi à la cime des arbres en Amazonie ou dans les fumées d’un volcan en Afrique, exploré la calotte glaciaire du Groenland, les tépuis du Vénézuela ou les coulisses du métro parisien, filmé les bipèdes que nous sommes mais aussi nos cousins les singes.. Bref, qu’Antoine de Maximy a eu une vie trépidante !
Dans son livre, il révèle les secrets et anecdotes de tournage de son émission « J’irai dormir chez vous » et de son film « J’irai dormir à Hollywood » : les évènements qui l’ont amené à créer ce concept unique, ses plus belles rencontres, ses moments de grosse frayeur ou encore ses crises de fou rire.
C’est donc en toute simplicité qu’Antoine de Maximy nous livre les secrets de sa vie d’aventurier, en permanence guidée vers la découverte de l’autre, mais peut être finalement et plus simplement à la recherche de soi..
Ce que j’en pense : « Quand rien n’est prévu, tout est possible ! », telle est la devise d’Antoine de Maximy. Vous savez, ce drôle de personnage en chemise rouge qui s’invite à dormir chez vous..
J’ai toujours été une grande fan de « J’irai dormir chez vous » (ou JDCV pour les intimes) car l’émission ne cherche pas le scandale ou le drame pour faire de l’audimat. Elle nous présente des gens comme vous et moi, tels qu’ils sont dans leur quotidien : ces gens-là ne trichent pas et me donnent encore foi en l’humanité quand je vois qu’ils sont prêts à accueillir un inconnu chez eux. Pour ma part, si un drôle de bonhomme en chemise rouge me demandait de dormir chez moi, il se ferait envoyer paître sur le champ..
Ainsi, JDCV nous fait découvrir ce qui se passe chez les autres (n’y aurait-il pas un peu de voyeurisme là-dedans ?) : les us et coutumes, la gastronomie, les conditions de vie etc.. tout en restant confortablement vautré dans son canapé.
Bien évidemment, les voyages se vivent.. en voyageant, mais mon maigre budget ne me permet malheureusement pas de partir où je veux quand bon me semble.. Du coup, je les vis par procuration avec Antoine de Maximy !
Antoine de Maximy doit être le dernier descendant sur Terre du Bisounours car il est éternellement optimiste et voit toujours le verre à moitié plein. D’ailleurs, regarder un épisode de « J’irai dormir chez vous » vous redonne une bonne dose de pêche et l’envie vous aussi de tenter l’aventure de l’autre côté du palier en allant faire connaissance avec votre voisin.
Toutefois, ce côté un peu trop lisse et conventionnel m’a quelques fois dérangé car Antoine de Maximy ne présente que le côté positif des choses et cache le côté « obscur » de la force, qui est partie intégrante de la vie lui aussi. Ainsi, il révèle dans son livre qu’il n’hésite pas à couper certaines scènes qui présentent un aspect plus sombre de ses voyages ou de ses rencontres.
Mais Antoine de Maximy c’est aussi une sacrée tête de mule ! Et cet entêté va nous raconter comment il s’est battu pour vendre son concept JDCV face à des chaines de télé et des producteurs peu enthousiastes.
Antoine de Maximy a eu la chance d’avoir eu au moins mille vies en une car il a eu un parcours rocambolesque : sachez qu’il a visité pas moins de 80 pays et plusieurs fois pour certains ! Mais pour mener une telle vie, il y a un prix à payer. Ainsi, il n’évoque sa vie privée catastrophique que par petites touches discrètes et pudiques. Il n’est que très peu présent pour sa femme et sa fille et l’on sent nettement que, même s’il regrette cette absence, il dépend du voyage comme l’on dépend d’une drogue, et ce sont les multiples rencontres qu’il fait qui donnent un sens à sa vie.
C'est peut être d'ailleurs cela qu'il recherche à travers ses voyages : un sens à sa vie..
L’autobiographie d’Antoine de Maximy n’est pas de la grande littérature (on sent clairement qu’Antoine n’est pas écrivain) mais elle vous permettra de passer un agréable moment, de sourire.. parfois et de vous émerveiller.. toujours. « Courir le monde de toutes les façons possibles, ce n'est pas seulement la découverte des autres, mais c'est d'abord l'exploration de soi-même, l'excitation de se voir agir et réagir. C'est le signe que l'homme moderne a pris conscience du gâchis qu'il y aurait à rendre passive une vie déjà bien courte ». (Xavier Maniguet)

Et pour finir, une petite citation : « Tout cela m’a permis de comprendre que lorsqu’on veut quelque chose, il ne faut pas hésiter à le demander. Qu’est-ce qu’on risque ? Un refus mais c’est tout. J’ai découvert qu’il ne faut pas craindre les refus. Et quand, bien des années plus tard, je demanderai aux gens à aller dormir chez eux, ça ne sera pas plus compliqué. »