Index des auteurs de A à Z

vendredi 8 août 2014

Les oranges ne sont pas les seuls fruits de Jeanette Winterson


L’histoire : « Les oranges ne sont pas les seuls fruits » raconte l’enfance et l’adolescence de Jeanette, une petite fille adoptée par un couple de missionnaires chrétiens alors qu’elle n’était qu’un bébé.
Jeanette va grandir au sein de la communauté religieuse à laquelle appartiennent ses parents et au sein de laquelle la religion est omniprésente et sa pratique extrémiste très rigoureuse.
La mère de Jeanette est un membre actif de la communauté et elle est obsédée par les pêcheurs. Ses voisins en constituent d’ailleurs de parfaits exemples dans la mesure où ils passent leurs journées à forniquer, dimanche compris (ils iront en enfer, c’est sûr) !
C’est la mère de Jeanette qui va s’occuper de son éducation morale, scolaire et religieuse (son père étant constamment en retrait et castré par sa femme).
Pour vous donner une idée du personnage, la mère de Jeanette vit dans un monde psychorigide où la fantaisie n’est pas permise, et qu’elle dirige d’une main de fer. Dans ce monde, les loisirs, la distraction, les sentiments (sauf ceux à l’égard de Dieu) ne sont pas permis (c’est pêché).
Dans son monde de petite fille, Jeanette ne connait que la Bible et les références moralistes et religieuses qui lui sont données par sa mère. Imaginez donc le choc lorsqu’elle met les pieds pour la première fois à l’école publique.. Jeanette sera d’ailleurs très vite mise à l’écart par ses petits camarades d’école en raison de son appartenance religieuse.
A l’adolescence, lorsqu’elle fera la connaissance de Mélanie, le monde de Jeanette va s’écrouler. La jeune fille connaitra alors ses premiers bouleversements et va se rendre compte qu’elle éprouve de l’amour pour son amie. L’amour qu’une femme éprouve pour une autre femme, un amour interdit. Elle va ressentir pour la première fois le bonheur d’aimer, mais ce bonheur lui est interdit par sa mère religion.
Lorsque les membres de sa communauté découvriront son homosexualité, ils tenteront d’abord de l’exorciser puis la rejetteront. Jeanette enverra alors valdinguer tous les préceptes religieux que lui a transmis sa mère et son monde psychorigide afin de retrouver sa liberté.
Et c’est là que les problèmes vont commencer..

Ce que j’en pense : quand j’ai sorti mon carnet pour y prendre des notes à la lecture des premières pages, je me suis dit que c’était plutôt bon signe. Et je ne me suis pas trompée, loin de là !
Mais avant de vous confier mon avis sur le livre, lassez moi faire un rappel sur ce que sont les missionnaires chrétiens.
Un missionnaire chrétien est une personne de foi chrétienne qui décide de faire connaître Jésus-Christ et son message, soit par la prédication directe de la « Bonne nouvelle » des évangiles, soit par des œuvres caritatives, éducatives ou autres.
Cette mission est d’initiative personnelle ou, plus souvent, soutenue et mandatée par un groupe religieux (congrégation religieuse) ou Église chrétienne. L'« annonce de l'Évangile » s’adresse à des personnes, des groupes sociaux, ou des pays, où le Christ est inconnu ou méconnu (Source : Wikipedia).
Alors imaginez un peu la confusion qui a pu régner chez ses adorateurs de Jésus lorsqu’ils ont découvert une lesbienne parmi eux !
Homosexualité et religion : en voilà un sujet qui fâche ! Surtout en ces temps où le mariage homosexuel et l’homoparentalité déchirent la France en deux.. Déjà à l’époque où elle a envoyé son manuscrit aux maisons d’éditions (le livre est sorti en 1985), l’auteur raconte que ces dernières étaient plutôt frileuses à l’idée de publier son livre.
Alors, par où commencer ce billet ?
A travers son roman, Jeanette Winterson nous ouvre les portes de la vie en communauté religieuse, et plus particulièrement chez les missionnaires chrétiens.

La communauté de Jeanette vit dans un monde où toute passion est proscrite et où règnent la raison et la volonté de Dieu. L’amour passionnel n’y a pas sa place : aussi bien celui d’une mère pour sa fille, que celui d’une femme pour son mari ou pire, celui d’une femme pour une autre femme.
On peut remarquer que les femmes tiennent une place prédominante au sein de la communauté et donc, pendant toute l’enfance de Jeanette. Ce sont elles qui gèrent le foyer et la famille, les hommes  sont quasi absents. Ce sont elles également qui organisent la vie de la communauté : elles préparent les diverses manifestations et les évènements auxquels participe la communauté et les animent.
Bref, Jeanette a vécu constamment entourée par des femmes fortes et a toujours connu des hommes plutôt lâches et observateurs de leur propre existence. D’ailleurs, hommes et femmes ne se côtoient pas : chacun reste à sa place.
Même si Jeanette a grandi dans un monde à part, on sent qu’elle n’a pourtant pas eu une enfance malheureuse. Elle a simplement connu d’autres joies et fait d’autres découvertes que les autres enfants de son âge.
Jeanette est une petite fille plutôt curieuse qui cherche à comprendre comment fonctionnent les choses. C’est d’ailleurs sans doute cela qui aura causé sa perte au sein de la communauté.
Le titre qu’elle a donné au livre, « les oranges ne sont pas les seuls fruits » vient du fait que le seul fruit que sa mère lui donnait à manger étaient des oranges. Visiblement, sa fille a choisi un autre chemin..
Le livre est divisé en huit chapitres qui reprennent les huit premiers livres de la Bible. Sa lecture a vraiment été très agréable et je me suis très vite attachée au personnage de Jeanette dont j’ai aimé les réflexions et la force de caractère.
Enfin, je dois vous confesser que, tout au long du livre, j’avais cru à une réelle autobiographie tellement l’écriture semblait sincère et « sentait le vécu ». Puis lorsque je l’ai refermé pour la dernière fois, j’ai lu la quatrième de couverture : « Tout semble vrai dans ce récit personnel mais tout est inventé, réécrit, passé au tamis de la poésie et de l'humour ».
Mince alors, j'y avais vraiment cru.



Et pour finir, une petite citation : « Vous singez les hommes », avait dit ma mère avec dégoût. Or c’est justement si j’avais singé les hommes qu’elle aurait eu tout le loisir d’être dégoutée. Les hommes, pour moi, ça trainait à la maison, ça n’avait pas d’intérêt, mais c’était tout à fait inoffensif. Je n’avais jamais éprouvé le moindre sentiment pour eux et, mis à part le fait que je ne portais jamais de jupe, je ne voyais rien d’autre en commun entre eux et moi ».



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire