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dimanche 10 août 2014

Le monde de Sophie de Jostein Gaarder


L’histoire Sophie est une adolescente de quatorze ans qui mène une vie paisible jusqu'au jour où elle trouve dans sa boite aux lettres une enveloppe contenant le message suivant : « qui es-tu ? »
Quelle question idiote ! Comme si elle ne savait pas qu'elle était Sophie Amunsden ! Mais qui était cette Sophie en définitive ? Elle ne savait pas trop au juste.
Sophie examine l'enveloppe : aucune trace de l'expéditeur. Quelques heures plus tard, elle trouve une seconde enveloppe dans sa boite aux lettres contenant cette fois un nouveau message : « d'où vient le monde ? »
Je n'en ai pas la moindre idée, pensa Sophie. Personne ne peut savoir ce genre de choses ! Cependant, la question méritait d'être posée. Pour la première fois de sa vie, elle jugea qu'on ne pouvait quand même pas vivre sans s'interroger sur ses origines.
S'en suivra une drôle de correspondance entre Sophie et le mystérieux auteur de ces lettres qui lui dispensera un cours sur les origines et l'histoire de la philosophie à travers les siècles. Sophie va donc faire la connaissance des grandes figures de la philosophie de Socrate à Sartre en passant par Kant, Darwin ou encore Descartes.
Ainsi, ces cours permettront à Sophie de résoudre les mystères qui entourent son nouveau professeur de philosophie, qui ne sera d'ailleurs pas le seul à lui envoyer de mystérieux courriers. En effet, Sophie va recevoir des cartes postales destinées à une certaine Hilde, rédigées par le père de cette dernière et qui lui sont envoyées à son adresse personnelle. Mais alors, qui est cette Hilde ?

Ce que j’en pense : il y a des lectures qui ne vous laissent pas indifférents et vous marqueront pendant longtemps ; ce livre en fait désormais partie..
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, ouvrez votre manuel de philosophie à la page 24.. Comme certains d'entre vous, je dois avouer que je n'ai jamais été vraiment très emballée par les cours de philosophie dispensés au lycée (mais si, avouez, vous dormiez dans le fond de la classe !).
Je souffrais par conséquent de grandes lacunes en la matière. Aussi, j'ai été ravie d'apprendre qu'un livre pouvait combler mes manques.
« Le monde de Sophie » est un livre rédigé pour des adolescents (il se lit donc très facilement pour un adulte) et a vocation à faire découvrir la philosophie à ses lecteurs en retraçant ses origines, et en présentant ses grands auteurs et leurs théories, le tout de manière très pédagogique.
Et à la lecture de ce livre, un miracle se produit..
En effet, l'auteur réussit avec brio à « vulgariser » la philosophie et à rendre toutes ses théories accessibles à tous. Et pour cela, il mérite tout mon respect.
Les cours sont clairs et les notions présentées sont facilement compréhensibles ; de plus, le professeur de Sophie illustre souvent ses propos au moyen d'exemples modernes, ce qui rend son cours beaucoup plus ludique et nous permet facilement d'assimiler certains concepts qui peuvent paraître opaques. Tout comme Sophie, le lecteur effectue un voyage initiatique dans le monde merveilleux de la philosophie (occidentale uniquement) de l'Antiquité à nos jours.
Et il en ressort transformé..
En effet, à mon sens, « le monde de Sophie » n'a pas pour unique vocation de faire la liste des grands philosophes et leurs théories. Je pense que l'auteur a voulu faire de nous aussi des philosophes en nous amenant tout au long du roman, et même après, à nous poser des questions sur le monde qui nous entoure. Or, s'interroger sans cesse et comprendre ces questions est le propre de la philosophie.
De plus, tout comme Sophie, il m'est également avis que l'auteur a cherché sciemment à développer chez son lecteur son sens critique et son esprit d'argumentation. Et là encore, un auteur qui cherche à développer nos capacités intellectuelles plutôt que nous abrutir mérite encore plus mon respect.
Il est d'ailleurs possible que l'auteur ait cherché à provoquer un (r)éveil des consciences afin que ses congénères puisse prendre conscience du monde qui les entouraient et les amène à réfléchir sur les vraies valeurs de l'existence au lieu de s'appesantir sur des futilités. Mais bon, tout ceci n'est que pure interprétation..
Ajoutez à cela un suspens haletant et permanent du début à la fin du livre, et vous obtiendrez un excellent ouvrage.
Toutefois, la méthode employée par l'auteur, Jostein Gaarder, trouve à mon sens ses limites dans les points suivants.

Si au début j’étais séduite par l’idée de « recevoir » les cours tout comme Sophie et d’apprendre en même temps qu’elle, je dois avouer que les « leçons » présentent parfois un caractère rébarbatif. En effet, le livre compte tout de même 618 pages en version poche et, arrivée à un certain stade, j'ai eu plus l’impression de lire un manuel de philosophie de terminale qu’un roman (à conseiller donc fortement à nos petits bacheliers), les cours ayant pris le pas sur l'intrigue.
De plus, il faut souvent revenir en arrière pour bien comprendre « la leçon du jour ». Comprenez, Monsieur Gaarder, qu'il est très difficile de lire d'une traite plus de 600 pages portant sur la philosophie, et que nous autres, lecteurs et prophanes, sommes parfois obligés de refermer votre bouquin, aussi bien écrit soit-il.
Aussi, pour comprendre le cours lors de la réouverture du livre, il est souvent indispensable de relire certains passages lus avant la fermeture sous peine de ne « rien comprendre » et de revivre l'angoisse des cours de terminale.
Par ailleurs, il faut quand même avouer que certains mouvements philosophiques sont beaucoup moins intéressants que d'autres (bon allez, je plaide coupable pour le délit de bâillements multi-récidivistes pendant le Moyen-Age) alors que d'autres, au contraire, ont nettement plus éveillé mon attention et j'aurais souhaité plus de développements.
Ainsi, le récit de Jostein Gaarder est un excellent condensé mais reste insuffisant pour connaître et maîtriser les notions qui y sont présentées.
Pour clore ce billet, je peux vous assurer que Sophie et son professeur de philosophie m'ont énormément marqué et m'accompagneront longtemps dans mes réflexions sur le monde et notamment sur la principale réfléxion du livre : quel est le sens de la vie ?


Et pour finir, une petite citation : « Ce sont toujours ceux qui posent des questions qui sont les plus dangereux. Répondre, ce n'est pas si compromettant. Une seule question peut être plus explosive que mille réponses ».

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